« Avant même de parler d’études, ou quoi que ce soit, parlons un peu passion. Parce que Rédacteur Web, c’est pas un boulot, c’est pas un job quelconque les jeunes. C’est une passion ! »
Ils n’ont pas excessivement l’air convaincus les gosses, il faut bien l’admettre. Depuis qu’ils sont tout petits, on leur dit qu’il faut qu’ils trouvent du travail pour payer des factures, et ne pas finir sous un pont. L’Éducation Nationale fait décidément de sacrés ravages sur les ambitions de nos Français, quand même… Qu’à cela ne tienne ! Elle saura les remotiver un peu. Lucie avise donc le gamin qui l’avait interpellée plus tôt :
« Par exemple, tu me dis qu’écrire des dissertations en Français te fait chier. C’est tout à fait normal. Personne n’a envie de passer des heures à se casser le poignet sur un sujet qui ne l’intéresse pas. En revanche, tu aimes peut-être les sujets d’invention, non ?
— Ben… Ouais. À choisir, ouais. Au moins, je peux laisser libre cours à mon imagination, quoi.
— Voilà. Et est-ce qu’écrire dans ces moments-là t’ennuie ?
— Non, pas vraiment…
— Ok. Et qui a un blog, ici ? Levez juste la main. »
Dans une classe surchargée d’une bonne quarantaine d’élèves, Lucie compte une douzaine qui ose l’avouer. C’est déjà un début.
« Je suppose donc que sur votre blog, vous ne vous contentez pas de mettre des photos et des vidéos. Qu’il vous arrive d’écrire, voire d’écrire des poèmes, etc… ? »
Elle vise juste la Lucie, et pour cause ! La donzelle se souvient très bien de sa propre adolescence et de ses billets façon « Fleurs du Mal ». La classe frissonne d’approbation, apparemment, ils commencent à comprendre.
« Et quand vous faites cela, j’imagine que vous ne trouvez pas ça chiant. Au contraire. Peut-être même y prenez-vous du plaisir, je me trompe ?
— Non, c’est vrai, intervint une jeune fille rousse aux cheveux frisés. J’aime beaucoup partager mes textes de chansons sur mon blog.
— Et moi, même que j’écris une fanfiction sur les OneDirection en ce moment ! poursuit une de ses collègues, en rougissant. »
Cette dernière remarque fait rire la classe, et notre héroïne lève les mains en signe d’apaisement. Les gamins y vont de leur petit commentaire, untel a déjà écrit par plaisir à telle occasion, un autre explique même qu’il bosse sur son propre roman.
« Pour ceux qui l’ignorent, explique Lucie. Les fanfictions sont des récits de fans se basant sur des histoires qui ne leur appartiennent pas. Harry Potter, Twilight, One Direction, le Seigneur des Anneaux, etc. Les supports ne manquent pas.
— Madame, vous connaissez ça ? demande éberlué un garçon au nez retroussé.
— Oublie le Madame, déjà. C’est « Lucie », et ensuite, oui, je connais, j’ai commencé par là. »
Des « Oh ! » et des « Ah ! » fusent de toute part. Ils ne s’attendaient certainement pas à ce que quelqu’un qui ait un métier leur dise que cela constitue une forme de base.
« En fait, j’ai commencé dès que j’ai pu écrire. Avant, les FF, ça n’existait pas. J’écrivais avec un bête stylo, sur un bête cahier. Puis, avec un bête logiciel de traitement de texte, sur un bête ordinateur qui n’était pas connecté. Oui, Internet n’était pas répandu dans mon enfance. C’est plus tard que j’ai commencé à partager mes histoires. J’ai eu un blog, comme vous. J’ai parlé de tout dessus. Et aujourd’hui, j’en ai toujours un. Professionnel, certes, mais j’y dis plus ou moins ce que je veux.
— Et vous gagnez de l’argent, avec ?
— Non. Je ne vends aucun produit dessus. Je n’ai pas non plus de publicité affichée. »
Les têtes s’abaissent directement, les épaules tombent. Ils sont déçus les petits, voilà que le mythe du blogueur s’effondre. Lucie lève les yeux au ciel, faut que les gosses arrêtent de ne penser qu’à l’argent, franchement !
« Je ne gagne pas ma vie via ce blog, c’est vrai, mais il me permet de me faire connaître, et d’avoir des clients. Et les clients, eux, ils paient. »
Ah, là tout de suite, ça intéresse tout le monde ! Les yeux pétillent, les questions à base de « combien » s’apprêtent à fuser. Mais au lieu de ça, une autre se fait entendre :
« C’est à cause de votre blog que vous êtes devenue Rédactrice Web ? »
L’importance de la passion dans le métier de Rédacteur Web
On devine aisément que le plaisir d’écrire est pour moi le point de départ de ce métier. Même si le Rédacteur Web « rédige » ses contenus, même si « rédiger » veut dire « résumer, mettre en forme » ; je crois sincèrement que cette profession demande bien davantage !
Généralement, on se dirige dans une voie, car l’on est intéressé par un domaine. En Rédaction Web, je crois que sincèrement que ce qui peut attirer en premier est moins le Web, que l’écriture. J’imagine mal un professeur ne pas aimer le fait d’enseigner, ou ne pas aimer sa propre matière.
L’écriture EST la matière du Rédacteur. Le Web n’est que son tableau noir/tableau numérique. C’est un support qui ne supplante pas tant que cela la vocation première. Un Rédacteur saura selon moi écrire sur du papier, de la même manière qu’un professeur saura faire un cours particulier.
Voilà pourquoi je souhaitais débuter cette histoire par ce qui me semble être la base de cette vocation.
Dans l’épisode suivant, on abordera une thématique qui est générale. A savoir l’orientation professionnelle à l’école. Si aujourd’hui des formations précises existent pour la Rédaction Web, il y a dix ans, les métiers du numérique en général ne figuraient pas dans les petits papiers de l’Education Nationale. Mais ça, on le verra le jeudi 31 !
Oui, je laisse la coupure de Noël, certaines choses sont essentielles, et nous aurons trop de préparatifs en tête pour nous pencher sur cette histoire. Alors, de joyeuses fêtes les gens, et éclatez-vous bien le bide !
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