Cet article me trotte en tête depuis quelques semaines déjà, et je n’ai pas eu l’occasion de me pencher dessus. Aujourd’hui, il est d’autant plus d’actualité. Pour le comprendre, il faut savoir que j’ai écrit sur mon blog personnel un billet, il y a un an, au sujet de Twitter. Si ce que j’ai dit n’était pas totalement faux, ce n’était pas non plus totalement vrai. Permettez-moi donc de revenir dessus, et de présenter mes excuses à l’oiseau bleu.
Twitter, quand on ne connaît pas, c’est déstabilisant
A l’époque où j’ai écrit le premier article sur l’A-4, j’utilisais Twitter uniquement de façon professionnelle. Et je l’utilisais très mal. Je me contentais de regarder les Trending Topics, parce que ça m’était demandé pour générer des articles sur les actualités qui buzzaient. Je n’avais donc pas de réseau, je ne suivais que peu de personnes, et personne ou presque ne me suivait.
A cette époque, je voyais Twitter comme une titanesque Agora, où tout le monde hurlait à s’en arracher la glotte. Ne suivant que les TT, cliquant dessus pour comprendre vaguement de quoi il était question, avant de pondre rapidement un article « brûlant », je voyais donc une nuée de tweets, et je me sentais envahie. Submergée par l’information.
En fait, Twitter, quand on débarque, on ne sait pas du tout quoi faire. Il n’y a pas de mode d’emploi, il n’y a pas de « façon de faire », il n’y a pas d’utilité absolue. Twitter est un réseau social incroyablement libre, mais je reviendrai sur ce point plus tard.
Arrivé sur Twitter, tu suis le didacticiel
Et c’est peut-être la pire chose à faire, en fait. Parce que le didacticiel ne t’explique absolument pas comment te servir de Twitter. Quand tu arrives, on te demande de rentrer tes informations de compte, puis, tes centres d’intérêts. A partir de cela, Twitter te suggérera de suivre un certain nombre de comptes en rapport avec les centres d’intérêts notés.
A ce stade, il faut savoir que j’ai refait un compte pour vérifier, et je n’ai mis que « Gaming ». Je n’ai rien touché à la pré-sélection du site concernant les comptes à suivre, et là… Ô surprise ! C’est n’importe quoi ! S’il y a bien des comptes relatifs à l’univers du jeu vidéo comme @BlizzHeroesFR ou encore @UbisoftFR, il y a de nombreux intrus que je m’empresse de vous lister :
- Mister V
- Le Vrai Horoscope
- JEREMSTAR
- Cyril Hanouna
- Gad Elmaleh
- L’ÉQUIPE
- NRJ12
- André Ayew
- Anil
- Jamel Debbouze
- Le Monde
- Amélie Neten
- BengousOueskonVA
- TPMP
- Olympique Marseille
- Soprano
- Matt Pokora
- La Provence
- Anaïs Camizuli
- Gignac Andre-pierre
- Shanna Kress
- Matthieu Delormeau
Et le meilleur pour la fin, le fond du fond du gouffre intersidéral de l’intrusion impertinente, j’ai nommé :
DONC, sur 40 comptes suivis automatiquement parce que j’ai marqué « Gaming », j’ai 24 comptes qui n’ont rien à faire dans une liste de gamer. RIEN. A. FAIRE. DU. TOUT ! Et j’vais même me faire des copains : d’une part, je ne connais pas la plupart de ces personnes (je ne vois tout simplement pas de qui il s’agit), mais d’autre part, on notera que le gamer semble être – aux yeux de Twitter – de sexe masculin, amateur de foot, de télépoubelle et d’humoristes discutables. Mais ça, c’était mon avis…
Conséquence : Si moi j’arrive sur Twitter la première fois, que je fais comme Twitter me dit de faire, et qu’il se passe ce qu’il vient de se passer, je me dis quoi ? Que Twitter c’est de la merde pour des beaufs (à mes yeux), et que le réseau n’est pas adapté à mon mode de fonctionnement, puisqu’il n’est pas foutu de me proposer des comptes réellement pertinents !
Tu peux aussi faire comme tous les gens du Web te disent de faire
Si tu cherches des explications sur Twitter, tu verras que les gens du milieu ont tous pondu un tuto pas-à-pas, ont tous des billets sur « comment avoir plein de followers et être super célèbre », ont tous des recettes miracles. On va donc te dire de pratiquer le « massfollow ».
L’idée est simple : tu vois un compte, tu follow, tu cherches même pas à discuter. Après, tu peux affiner tes abonnements par thématique. Tu es nouveau dans le Web ? Tu cherches un travail de CM/SEO/Rédac’ ? Aucun souci : follow tous les comptes qui ont ces Hashtags dans leur profil, et ils vont te follow à ton tour, et vous vous aimerez jusqu’à la fin de votre vie.
Conséquence : Ta timeline est saturée de tweets, ton pc explose, tu lis même plus ce que les gens disent, et en prime, tu ne communiques pas. En d’autres termes : Twitter te sert à rien, et toi, tu ne sais toujours pas t’en servir.
Ainsi donc, ma critique de Twitter était faussée
Je vous le mets dans le mille : j’ai fait un mix des deux solutions précédemment notées. Et je ne comprenais rien du tout à ma TL, que je ne lisais plus d’ailleurs. J’allais sur Twitter pour suivre les TT, de temps en temps, me tenir informée, et basta.
Je ne reviendrai pas sur mon avis concernant l’utilité politique et médiatique de Twitter. Je maintiens, et ce farouchement, que c’est bel et bien un thermomètre approximatif de la pensée condensée du peuple. Je persiste à dire qu’il est dangereux de laisser les médias expliquer que Twitter EST la voix du peuple. Mais je ne vais pas développer l’argumentaire, z’avez qu’à lire le billet que j’ai écrit.
Cependant, depuis mon retour, mon rapport à Twitter a changé, et désormais, je confesse aimer sincèrement ce réseau.
Twitter, c’est comme IRC !
Depuis le samedi 10 octobre 2015, je suis de retour, bien malgré moi. Je l’ai déjà dit, mais je le renote pour ceux du fond : c’est à cause d’un article de 4h18 que je suis ici. Je lis le papier, j’interpelle le mec en disant pourquoi j’ai aimé… Et le mec me répond. Et je lui réponds, et il me répond, et je lui réponds… Et le lundi suivant, je l’avais au tel.
A partir de là, je suis revenue dans la danse. Gardez en tête que le samedi 10, je me considérais comme « débranchée de mon métier ». Je sortais d’un profond passage à vide professionnel (remise en question, tout ça…), et ne savais toujours pas comment me relancer, ou même si je le souhaitais réellement. En discutant avec Stéphane au téléphone, je me suis réactivée.
Petit à petit, j’ai commencé à traîner sur Twitter, mais différemment de la première fois : je l’utilisais comme un chat. En fait, cet outil me fait réellement penser à IRC : tu as plein de Chatrooms, plein de chatteurs, et tu discutes au gré du fil du canal général, et parfois même en PM. J’ai d’ailleurs repris les bonnes vieilles habitudes de mon époque chat : humour, vulgarité, sérieux, discussions existentielles, images à la con. Je ne me limite pas, et je parle à tous ceux qui voudront bien répondre. Et je dois admettre que je passe de très bons moments, et que j’aime ça !
C’est aussi un très bon outil de comm’
Dans le billet d’origine de l’A-4, j’expliquais que c’était une obligation d’être sur Twitter quand on est « dedans ». Parce que c’est une vitrine qui démontre que l’on est connecté, tendance, suivi, influent, rayez la mention inutile. En fait, c’est total bullshit ça ! C’est d’ailleurs même avec ce genre de pensées qu’on rate entièrement l’intérêt de ce média, et que l’on passe à côté de son utilité.
Le penser en tant que moyen de communication unilatéral est une grossière erreur. Twitter est super utile pour partager des articles, des infos, etc. Et je le dis, PressEnter marche essentiellement aux réseaux sociaux. Mais pas seulement ! Rappelons que c’est en parlant avec Stéphane que je suis revenue dans la danse. C’est en parlant avec lui, avec certains de ses contacts que j’ai appréciés, puis d’autres, puis encore d’autres ; que je construis un réseau. Un réseau uniquement ? Non. Je travaille avec ces personnes (bénévolement, ou non), certes, mais j’échange surtout. Ces personnes m’inspirent, m’instruisent, me conseillent.
C’est un outil de communication, qui sous-entend que l’on communique dessus. Et communiquer, ce n’est pas seulement dire « Hey, regardez ce que j’ai fait » ! C’est surtout dire « Hey, toi, tu penses quoi de ça ? Viens, on discute un peu ». Et de ma fenêtre, c’est trois fois plus efficace/rentable/ce-que-vous-voulez que de rester dans son coin à balancer ses liens.
Dans « Réseau Social », il y a « Social »
Comme Twitter permet une discussion instantanée, il est à mon sens le premier réseau social. Parce que contrairement à Facebook, par exemple, tu peux discuter avec des gens que tu ne connais pas. Tu n’as pas besoin de les suivre pour entamer une conversation avec eux. Tu n’as pas besoin d’attendre qu’ils acceptent ton invitation, tu n’as pas non plus cette espèce de lien hypocrite d’amitié. Non. Tu fais ta tambouille, et si la mayonnaise prend, à ce moment-là, tu peux décider de garder le contact plus longuement par le follow, voire, de passer au tel et à l’IRL.
Et on ne peut créer du lien social qu’en discutant avec les gens. Donc, au risque de me répéter : il faut discuter avec le monde. Pas seulement lui agiter ses idées sous le nez.
Je disais sur l’A-4 que Twitter donnait une fausse impression de pouvoir discuter avec les élites. Ce n’est pas faux. Mais le lien social ne se crée pas nécessairement avec des personnalités inaccessibles. A dire vrai, on s’en fout en fait, on boira jamais un coup avec elles. En revanche, on va peut-être rencontrer des personnes à deux pas de chez nous qui vont nous apporter énormément sur le plan humain.
Twitter est profondément humain
Beaucoup plus que je ne le croyais en fait. Avant de revenir, je trouvais que c’était une zone désincarnée, où tout le monde parle, sans jamais s’écouter. Petit à petit, je me suis rendue compte d’à quel point cette idée était complètement fausse. Mais il y a une chose dont je voudrais parler : ce qu’il s’est passé dans la nuit du vendredi 13 au samedi 14 novembre.
Comme beaucoup, j’étais connectée à Twitter, et j’ai vu, en temps réel, la détresse des hommes et des femmes, tous reliés par l’oiseau bleu. J’y ai vu de la haine, de la peur, de la colère, de l’incompréhension, de la compassion, de l’amour, de la solidarité, de l’empathie, de la mobilisation, de l’humanisme.
J’ai vu tout ce qui fait l’être humain, en fait. Le fameux #PorteOuverte est un exemple flagrant de ce que Twitter est : un lien entre tous. Cette nuit-là, tout le monde a partagé des avis de recherche, de demandes d’asile, des portes ouvertes. Tout le monde a tissé un gigantesque filet de sécurité sur lequel des personnes dans le besoin pouvaient espérer se laisser tomber. Oui, oui, il y a évidemment l’effet de masse et l’emballement, naturellement. Seulement, je crois sincèrement qu’à ce moment précis, cette nuit-là, ceux qui ont partagé ça, ont partagé un lien très profond, et n’ont jamais eu autant le sentiment d’appartenir à un grand ensemble formidable.
Est-il le média dangereux que je dénonçais ?
J’en reviens encore à l’article d’origine. Mais cette question mérite toujours d’être posée. Oui, Twitter est à prendre avec des pincettes. Il permet effectivement la propagation de ce qu’il y a de pire. Soyons honnêtes, les comptes sont totalement libres. Pornographie, Pédopornographie, Racisme, Extrémisme religieux, Connerie intersidérale. Oui, on voit des trucs parfois bien trash. Et oui, j’ai mis la pornographie dedans car il n’y a aucun filtre d’âge. Un enfant peut voir ces contenus (il faudrait au moins que l’accès se fasse sur la date de naissance). Et on sait tous qu’il y a de fausses informations, fausses rumeurs, qui circulent et que cela fait souvent de gros dégâts.
Mais à côté de ça, Twitter est surtout ce que l’on en fait : si l’on a une utilisation intelligente de l’outil, que l’on parle avec des gens intelligents, etc. Twitter est magique. Il permet d’accéder à des mondes que l’on ne connaissait pas. Des personnes dont on n’avait jamais entendu parler. Et de découvrir que l’on n’est pas tout seul. Que cela soit dans son métier, dans ses avis, ou même dans la race humaine.
Twitter, accepte mes excuses, on recommence à zéro
En conclusion, j’avais détesté mon premier passage sur ce réseau, parce que je n’avais rien compris à ce réseau. Il faut dire également que ce que j’en avais vu m’avait passablement écœurée. Je l’utilisais pour faire du buzz et vendre du vide à des cerveaux déjà pas très remplis, mais en plus, je voyais l’oiseau comme un nidificateur d’ados boutonneux adorateurs de Kev Adams et de Nabilla. Côté pro, j’étais persuadée que seuls les marketeux égocentrés y avaient élu résidence, et qu’in fine, Twitter était une sorte de miroir narcissique où chacun montrait à l’autre combien il était trop beau, combien il en avait une grosse, et jusqu’où il pouvait pisser. Ce qui n’est pas totalement faux, soyons francs :p
Je dois admettre que j’aime Twitter maintenant, et ne reste sur Facebook que peu de temps, uniquement pour parler en pm à mes amis irl (ce qui veut dire pas beaucoup). Tout ce qui passe dans mon fil sur FB est déjà du périmé, puisque Twitter me l’offre deux bonnes heures avant (quand ce n’est pas carrément plusieurs jours…).
Je m’offre beaucoup plus de libertés, et je me sens vraiment libre. Après, c’est un « choix éditorial » on va dire. Hier soir encore, j’ai tweeté de nombreuses fois avec le mot « bite », et je l’assume pleinement. Cela donnera probablement lieu à un article d’ailleurs.
Je n’ai pas fini d’apprendre à m’en servir, mais je peux déjà dire que j’avais largement sous-estimé ce réseau, et lui avais fait d’une certaine manière un mauvais procès. Et je crois que nous sommes nombreux dans ce cas-là.
Bien sûr que nous sommes nombreux à détester Twitter au début. Pourquoi ?
Pas plus tard que ce weekend (Startup weekend) oblige. Où l’on m’a posé cette question « A quoi cela sert d’être sur twitter ? »
Twitter, il n’y a pas de définition exacte. On peut imaginer que c’est le reflet de notre monde, ce qui explique en partie les suggestions faite par l’oiseau bleu des notre inscription. Mais surtout c’est que Twitter, c’est un outil extraordinaire comme on l’a vu récemment le 13 et 14 novembre 2015.
Pour finir, quand on me pose cette question au sujet de Twitter, je répond ceci :
Twitter s’est pour faire de la veille, pour créer du social, pour suivre des sujets, des personnes en fonction de ses centres d’intérêt, c’e’st pour trouver des clients (oui oui cela est possible).
En gros, il n’y a pas de définition exacte. Twitter est avant tout ce que l’on en fait….
« Twitter est avant tout ce que l’on en fait…. » Totalement ! Et c’est marrant, parce que ce week-end aussi, en partie de Jdr, j’ai eu la même conversation avec un copain qui fait des vidéos sur Youtube. J’essaie de le convaincre de passer un peu plus de temps sur Twitter pour discuter et faire sa promo, et il a ces mêmes réticences. Pratiquement au mot près 😀
Le truc, c’est que Twitter est très déstabilisant la première fois, il faut commencer tout doucement… x)
Yop,
J’ai suivi a peu près exactement le même cheminement : compte ouvert en 2010, j’ai commencé à l’utiliser réellement qu’à partir de 2014. Aujourd’hui c’est clairement le meilleur réseau à mes yeux, car il permet réellement de faire ce qui m’intéresse : diffuser et trouver des choses qui m’intéresse, et rencontrer ceux qui s’y intéressent aussi. C’est grandiose non ?
Totalement d’accord avec ton article donc. 🙂
Oui, complètement ! On peut réellement cibler les informations à diffuser, ou à recevoir. Et dialoguer avec une plus grande liberté avec un panel conséquent de personnes, sans pour autant être lié à elles. Clairement, je passe aujourd’hui plus de temps (et plus de bon temps) sur Twitter 🙂
Merci de ton commentaire ^^
Merci pour ce bel article, et le blog en général que je trouve de fort bonne tenue, comme tu le sais. 🙂
Merci à toi 🙂
Je ne sais pas ce qui te plaît autant, mais j’en suis bien contente !