LINKEDIN EST UN VRAI REPAIRE DE GAUCHOS !

Je tente régulièrement de fureter sur LinkedIn… Mais entre son interface dégueulasse et impraticable, ses posts à « motivation » pour dire de grosses conneries, les demandes de CV, les auto-promos (pourquoi croyez-vous que j’y suis ?), et puis les billets de Gattaz qui me font toujours crever de rire ; je ne m’attendais pas à cette découverte.

2 degrés de relation, mais pratiquement aucun d’humour

LinkedIn, c’est un peu la plateforme « à la papa ».

C’est un repaire de costards et de gens « qui ont réussi », d’une quarantaine, voire d’une cinquantaine d’années, qui se partagent leurs contacts comme on échange sa carte façon « American Psycho » et puis surtout : qui passent la moitié de leur temps à t’expliquer que les millennials sont de gros FDP.

Je n’arrive pas à me faire à l’endroit, parce que c’est tout le concept du Réseau Social, sans l’aspect « Social » tu vois ? Link’ c’est un peu l’équivalent d’un hôpital : c’est tout propre, tout aseptisé, ya rien qui dépasse.

L’humour n’y a pas sa place, l’humain pas des masses… Quant à avoir des conversations, c’est compliqué : la police est minuscule, impossible de suivre correctement un flux, pas moyen de voir vraiment qui te parle et quand… Bref, l’échange réel n’est pas le but.

On fait du biz, mais on s’la fait pas pour autant…

Antichambre du MEDEF ?

Franchement, je le croyais.

On célèbre sur LinkedIn une forme de construction de l’humain par son parcours pro, avec des mots vides de sens, qu’on est parfois obligé de Googler tant on n’arrive plus à savoir à quoi ça correspond.

Et puis faut voir le rapport qu’on a au profil LinkedIn ! Quand tu rencontres quelqu’un sur le Web, tu vas commencer par ça. Peu importe que la personne ait un blog, un site, une activité autre : elle est ce qu’elle a décidé d’avouer à l’URSSAF.

Et dans cette partouze d’agrafeuses et de post-it, il y a une étrange marée qui se prépare.

Certains disent « Une Facebookisation de LinkedIn », ce qui est loin d’être faux, vu les quelques montages photo que j’ai pu voir, mais la raison pour laquelle ça frémit de la cravate est toute autre : en fait, même si sur ce réseau la vitrine est pleine de mannequins détestables, les commentaires, les rayons, les ruelles malfamées perdues dans les algos, sont pleines de ces putains de gauchos.

Je l’ai dit en chapô : je lis beaucoup les « storytelling » de Gattaz qui nous explique sa connaissance du monde du travail. (Reprenez votre souffle, on n’a pas le temps pour se moquer) Et je voyais déjà de plus en plus de réactions tranchées l’envoyant chier sur ses positions et son évangélisation. Je pensais que c’était lié à la détestation du personnage, jusqu’à ce que je voie un thread.

Saturation dans l’humiliation ?

 

 

La France, c’est de la merde. Les Français sont des vaux feignants. Les millennials sont des gamins capricieux. On ne peut pas entreprendre dans ce pays. Faut arrêter d’exiger des droits. Faut se contenter de ce qu’on a. Et toi, là, t’es une vraie merde.

Sous le vernis de l’optimisme promis par les derniers courants politiques et économiques (la fameuse exhortation à être heureux en toutes circonstances…), se cache une violence inouïe pour le commun.

Directement issue du copywriting, ya une manie bien dégueulasse qui consiste à casser l’interlocuteur, à briser son amour-propre, pour lui refourguer sa merde en guise de solution miracle.

Et à échelle d’un pays, on le voit tous les jours : le pays va mal à cause de toi. Oui, toi ! Toi, t’es responsable de la dette, de la fraude (mais attention, pas fiscale, hein, celle de la CAF et tout…), de la montée des nationalismes, etc.

BREF, t’es la raison pour laquelle ça va pas, alors tu vas un peu fermer ta gueule, et accepter les nouvelles – et brillantes – idées pour redresser ce pays. Quoi ton droit du travail ? Quoi ta SECU ? Quoi tes aspirations ? Ah mais fallait y penser avant, mon coco…

Et c’est une humiliation constante. On nous explique qu’il est fou d’avoir des revendications de salaire, de condition de travail, de faire quelque chose d’intéressant, de vivre dans un logement à notre taille, etc. Et le thread en question était en plein délire sur ce que vous avez – ou non – le droit de revendiquer. Hint : pas grand-chose bande de créateurs de dette en puissance !

LinkedIn et certains positionnement sur le travail

(Le post et les réponses ici)

En substance, Marx (Je retire d’ailleurs ce que j’ai dit sur le sens de l’humour sur LinkedIn), explique que les jeunes sont fous de vouloir être payés à la hauteur de leurs études, et que les écoles sont folles de leur mettre dans le crâne cette illusion.

Et on pourrait croire qu’en-dessous c’est plus de 300 commentaires pour lui lustrer la pine… Eh bien non.

La révolution des « riens »

Je suis incapable de vous dire quel pourcentage de contradicteurs il y a dans les réponses. Évidemment, il y a pas mal de gens de son avis, mais j’étais profondément surprise de voir beaucoup de profils exprimant un avis totalement contraire…

Et puis pas avec le dos de la cuillère ! C’est-à-dire que moi qui prend systématiquement un risque en affichant mes positions de keynésienne, je me rendais compte qu’il y a une sorte de fin de silence sur LinkedIn ! Oh, les gars, sur le « repaire de la bête de la photocopieuse », t’as des gens qui osent, avec leur profil pro, t’expliquer qu’ils ne se sont pas cassé le cul dans leur vie pour qu’on leur explique qu’ils méritent de la merde.

Et ça, c’était une révolution de ouf…

Ça parle de ce problème qu’on a à « recruter en stage des Bac+5 ». Ça parle du gel des rémunérations en France avec l’idée qu’il faut en finir avec le « c’est déjà bien d’avoir un travail-han ». Ça parle aussi du problème qu’on a à l’accession aux études sup’, de leur prix… Et de la réalité qui fait qu’en fin de compte, ce qui importe : c’est la soumission.

Tremble Gattaz ! Les linkediniens se rebiffent !

Pas seulement eux, mais que le quidam qui a la trouille de se faire blacklister parce qu’il n’a pas liké la page de sa boîte se mette à donner une opinion aussi tranchée (et politique) que celle-ci sur un réseau réputé « corporate » est un changement incroyable !

Ces personnes qui, pour la plupart sont à Bac+3/5 d’ailleurs, se mettent à exiger un vrai avenir. Un avenir prenant en compte ce que les transformations numériques peuvent apporter DE BON à tous. Ces personnes qui sont, pour beaucoup, ces fameuses « génération Y » et autres « fainéants de millennials » sont en train de refuser qu’on leur impose un cadre qui (et il est temps de le rappeler) est EN TRAIN d’être créé. Rappelant que c’est peut-être le moment d’en faire un beau…

Impossible de ne pas tiquer, alors que nous connaissons les enjeux politiques de la rentrée, n’est-ce pas ? Impossible de ne pas tiquer tandis que le fisc essaie de récupérer des thunes d’Uber, et que Deliveroo se prend une réalité dans la gueule.

C’est dans une époque charnière, dans un vrai tournant historique, à l’orée de transformations hallucinantes, au milieu d’une déferlante de renoncements (politiques, économiques, écologiques) que nous voyons ce que j’estime être une bien belle nouvelle : à trop vouloir écraser les individus, la conscience individuelle reprend la parole.

“If you pay peanuts, you get monkeys” ? De toute évidence, le singe en a soupé de faire la grimace…

Camille Gillet Écrit par :

Auteure - Storyteller freelance "Makes the world a Market Place"

5 Comments

  1. Blackmask
    12 octobre 2020
    Reply

    Pour ma part je vois surtout sur ce réseau des jeunes (j’ai 26 ans) entre 20 et 35 ans expliquer que leur diplome leur apporte une supériorité face aux autres et passent le plus clair de leur temps soit a faire la morale soit a se complimenter.

    Aucun recul sur l’avenir pour la plupart.

    Au final oui c’est un repère de gauchiste mais tout age confondu et non pas que des quarantenaire cinquantenaire ou boomer.

    Il y a de tout niveau age mais il y a surtout des surdiplomé qui adore le politiquement correct et la langue de bois.

    Facebook a mes yeux est bien mieux que ce réseau pourri.

    • 12 octobre 2020
      Reply

      Ca reste un repaire de connards-sses égocentriques qui glorifient la réussite matérielle et financière et mentent à tout va. Mais j’avais envie de prendre un contre-pied pour l’article. Concernant Facebook, c’est pour moi l’antichambre de la blague et du complot boomer. Pratiquement tout le monde a déserté et les nouvelles générations (qui ont entre 15 et 25 ans) n’y vont plus, parce que leurs parents et l’oncle gênant l’ont investi. A titre personnel, j’ai horreur de cet endroit et ne l’utilise qu’à des fins professionnelles.

  2. Blackmask
    12 octobre 2020
    Reply

    C’est également mon cas je n’y vais plus que pour des raisons pro.

    Mais rien qu’en défilant légèrement le fil d’actualité, je suis effaré par tant de narcissisme et de post moralisateur a tout va. C’est insupportable.

    Facebook a encore l’utilité de pouvoir créer des communauté dans lesquelles on se sent plus a l’aise et ou on peut mieux se lacher malgré la censure de Zuckerberg.

  3. Vautherot
    20 janvier 2023
    Reply

    Bonjour Madame Gillet,
    Je vais certainement rentrer dans la case
     » moralisateur »….. j’assume, mais pourriez-vous m’expliquer en quoi la grossièreté dont vos propos sont agrémentés, contribué t’ elle à en augmenter la portée ?. Pourtant, depuis votre enfance, vous souhaitez nous faire rêver en nous racontant des histoires, Je réfléchis, serait ce un manque de confiance en vous ?, Allez faites nous rêver….avec du beau. Au plaisir de vous lire

    • 20 janvier 2023
      Reply

      Bonjour Philippe,

      Votre commentaire ne rentre pas dans la case « moralisateur », il s’agit seulement d’un jugement très personnel de votre part, qui plus est assez éloigné d’une réalité assez simple, assorti d’une injonction particulièrement laide. Ce qui est dommage lorsqu’on invoque le « beau ».

      Je vais répondre à votre question : en effet, la grossièreté de mes propos a bel et bien été un véritable moteur d’audience et de réputation. Cela m’a permis de me démarquer dans un milieu où, traditionnellement, les rédacteurs et en particulier les rédactrices, ne faisaient aucune vague. Cela piquait assez les entrailles des lecteurs pour déclencher des réactions qui en disaient (et en disent toujours) long sur ce qu’ils étaient et leur rapport à certaines questions soulevées par ce site. Le positionnement narratif de l’époque était alors très simple : un mélange d’héroïsme et de rébellion. L’idéal lorsqu’on n’est personne au milieu d’une foule qui produit déjà beaucoup de contenus.
      Le résultat ? Aujourd’hui, je vis très bien de ma passion, j’ai écrit 3 livres (dont un sur le storytelling aux éditions Eyrolles, que je vous recommande vivement), j’interviens en Master 2 à Lyon, sans avoir moi-même plus qu’un Bac et j’ai la chance d’avoir des clients qui me font confiance pour travailler avec eux leur métarécit.

      Aucune communication ne se fait au hasard, fût-elle outrageuse, et c’est ce qui m’a permis d’atteindre largement certains de mes objectifs. Je ne désire pas faire rêver les gens outre-mesure, mais à leur dévoiler le monde. C’est le rôle d’un artiste, c’est ce que mes histoires racontent, y compris avec beaucoup de laideur (je vous recommande de lire l’histoire qui se trouve sur alamoldue.fr ou encore de lire celle-ci.) Sur PressEnter, il s’agit avant tout de raconter le Web avec une voix à l’opposée de ce dernier. Et les réactions que cela suscite, même des années après, me rappellent combien, malgré ma jeune expérience à l’époque, je visais déjà juste.

      Merci pour votre commentaire, il m’a permis de me rappeler toute la cohérence de mon parcours et toute la fierté que je peux en tirer.

      Au plaisir 🙂

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