Conversation LinkedIniène avec Dieu

Je viens de raccrocher avec Dieu, je dois vous confesser que la discussion m’a émue, mais elle a été surtout une révélation…

Vous savez, on me dit souvent « oh, la la, tu es si inspirante, tu écris si bien… », on me demande souvent des conseils, et je prends toujours le temps pour en donner gratuitement. Je crois que le partage est important, même avec les gens inférieurs, mais qui me sont pourtant essentiels pour nourrir ma légende. Voyez-vous, partager est la base d’Internet et Gandhi lui-même disait :

« Sans partage, il n’y a pas de connexion »

Et ce saint homme a toujours raison quand il est cité sur le Web.

Ainsi donc, vous disais-je en préambule, j’ai très largement l’habitude d’être sollicitée pour apporter mon expertise née d’une communion entre mes aspirations, mes dons et mes sacrifices. Mais la dernière conversation que j’ai eue était bien différente des précédentes. Pas seulement parce qu’elle avait eu lieu non pas sur un support numérique, mais plutôt au crépuscule de mon coma éthylique, mais surtout parce qu’elle m’a obligée à reconfigurer mon logiciel, à adapter mon langage à mon interlocuteur. A entrer en mode agile.

 

Oui, Dieu m’a demandé des conseils, et quand on voit comment l’Ancien Testament est écrit, on peut le comprendre.

Dieu est une personnalité plutôt connue pour ses premières réalisations. Il a été pionnier dans la conception d’Intelligence Artificielle et de Cloud, pionnier dans l’élaboration d’une 3D en réalité augmentée. Par la suite, il a jeté les bases des stratégies marketing que nous connaissons tous, on lui doit les concepts de macro-influenceurs, de Lead Building. De sa Start-Up d’origine, seraient apparus de nombreux Think Tank internationaux comme la Chrétienté, l’Islam ou encore le Judaïsme – et nous tairons le nombre incalculable d’antennes locales, d’écoles de mailing-list et retargetting dont les techniques ne sont plus à démontrer. Bref, Dieu n’est pas le dernier en matière de manipulation de masse et de propagande, j’étais donc particulièrement touchée qu’il cherche à bénéficier de mon savoir.

Après tout, je n’ai pas de diplômes, j’ai grandi dans un étang et j’ai dû travailler à l’usine 20h par jour pour 6 francs tous les deux mois. Mais j’ai appris beaucoup de ces années passées à lécher le goudron des routes. C’est cette expérience que Dieu est venu chercher chez moi.

Il m’a appelée en détresse, pendant que la bouteille de bourgogne menaçait de foutre le camp sous le canapé et m’a demandé : « En vérité, je te le dis, quel est ton secret ? Quel est ton secret pour arriver à tout écrire toute seule, sans recourir à des rédacteurs Judéens, Arabes, Grecques ou Hébreux ? Je suis l’Éternel, et pourtant, tu arrives à créer une émotion, des histoires plus puissantes que les miennes sans avoir de proverbes et de psaumes au milieu ! Il n’y a pas que l’alcool, quel est ton secret ? »

 

  • Dieu a toujours voulu qu’on croie à ses histoires, quand moi je me servais des croyances des autres pour en écrire. Première différence.
  • Dieu est un tyran, tandis que moi dans ma tête, je suis une influenceuse. Je suis le berger qui accompagne l’agneau, mais qui ne l’égorge pas à la place de son gamin.
  • Ma valeur ajoutée, c’est moi-même, je ne dépends pas de l’Esprit saint. Je travaille d’ailleurs en solo, j’aime que les idées aillent vite. La créativité, la vraie, elle se passe d’une validation trinitaire.

 

J’avais conscience de ses penchants colériques et de ses difficultés de management, mais je lui devais la vérité, alors je lui ai dit :

 

« Écoute Élohim, j’peux t’appeler Yahvé, hein ? Bon, j’entends ce que tu me dis, mais j’entends aussi ce que tu ne me dis pas. Ton problème n’est pas de savoir « Comment », mais de trouver ton « Pourquoi ». C’est ce « Why » qui te fait défaut. »

 

Naturellement, c’était beaucoup pour lui, sa première réaction a été de me répondre « Comment ça ? » et « Pourquoi tu dis ça ? », j’ai bien vu qu’il n’était pas prêt et que c’était pour cette raison qu’il faisait appel à mes services. J’ai envoyé le bras pour choper la bouteille de rouge, et après m’être cognée, j’ai pu me remettre à biberonner l’inspiration. J’ai ajouté :

 

« Tu as perdu le feu. L’étincelle dans le buisson ne flambe plus. C’est normal, au début quand on crée un univers, on est tous très motivés, on adore ses personnages, on adore ses arcs narratifs. Puis au bout d’un moment on craque, on décide de tout détruire, on fait le coup du meurtre de masse et de la résurrection, mais… T’es pas dans un Stark Trek, Adonaï… Une fois que tu as tué tes personnages principaux deux ou trois fois, il faut passer à autre chose, savoir mettre un point final au lieu de créer des suites… C’est pas que ta dernière saga soit mauvaise, c’est qu’après tu fais quoi ? J’veux dire, t’as fait le coup de combien de prophètes à tes lecteurs au juste ? D’ailleurs, on l’attend toujours le chapitre sur l’Apocalypse… Est-ce que ton problème ne serait pas que tu ne sais pas renoncer à ton histoire, que tu n’arrives pas à accepter de laisser vivre et mourir ton univers en paix ? »

 

Il est resté silencieux. Sa grande spécialité. Je savais que j’avais touché un point sensible, c’est mon métier. Je fais souvent du coaching vous savez, et mon travail est de débloquer les gens, de les aider à passer le cap, de comprendre les mécanismes qui freinent leur créativité et leur capacité à travailler.

Je suis faite pour faire prendre conscience aux autres que tout est de leur faute, que s’ils avaient l’audace de se lever à 5h du mat’ pour ne plus être des merdes et des « rien », leur vie irait bien mieux et aurait un sens. Dieu n’a pas échappé à la règle, la magie a opéré une fois de plus.

Il m’a remerciée, puis, Il est reparti dans un halo de lumières et un sacré mal de crâne.

Je crois qu’il a retrouvé le sens du Verbe.

Et moi je suis heureuse d’avoir aidé encore un incapable.

Je vous parlais d’une révélation au début, la voici : la vie est faite de petits instants en chocolat à déguster dans son rituel beauté de sa morning routine. Il faut juste savoir les moissonner en regardant le temps qui passe parce que nous sommes peu de chose dans l’immensité du Big Data.

Mais Martin Luther King le dit mieux que moi :

« Nous sommes unis dans la blockchain ».

 

Note : Ce billet a été très largement inspiré par ce post LinkedIn :

 

 

 

 

 

Camille Gillet Écrit par :

Auteure - Storyteller freelance "Makes the world a Market Place"

8 Comments

  1. 26 mars 2018
    Reply

    Putain, et t’aurais pas pu en profiter pour lui donner deux, trois tuyaux sur la manière de parler à ses prêtres ? Histoire d’être moins vague, plus clair, du style «Vous allez vous aimer les uns les autres, bordel de merde ?» (Paix aux Inconnus).
    En plus d’être influenceuse, t’aurais foutu un beau foutoir dans les prétoires (c’est joli, ça) !

    • 26 mars 2018
      Reply

      Ah-ah, j’avoue !

      Mais il a complètement délaissé la notion de teambuilding. Ca fait un moment que ses équipes réclament des colloc’s pour pouvoir resserrer les liens et brainstormer dans les conditions les plus optimales. Qu’est-ce que tu veux que je te dise ? Il n’a jamais entendu parler d’ergonomie… J’fais pas de miracle, moi x’D

      (J’adore aussi ta phrase !)

    • 26 mars 2018
      Reply

      Gaffe, il te reste qu’un an à vivre 😮

  2. 27 mars 2018
    Reply

    Hallelujah ! Dieu est comme nous autres (ne nous a-t-il pas créés à notre image (sauf les meufs, faut pas charrier) ?), il va s’inspirer de citations édifiantes sur LinkedIn quand ses cathédrales résonnent un peu vide. Il a pigé que la startup nation se biberonne aux Talents et à l’Optimisme, et au Travail et aux Solutions (pas aux problèmes !), que l’on ne recrute plus comme au temps de la chute du Temple par l’annexion des empereurs romains et des peuples barbares – c’est fini, out, que la fid’ passe aussi par une approche religion-as-a-service based. Il se met à l’inbound, il était temps ! Gageons que son content marketing soit un peu plus travaillé que l’éternel snacking des mêmes bouquins illisibles dont il nous abreuve depuis longtemps. Et pour ça on compte sur toi Camille l’influençeuse ; influencer l’Influenceur par excellence moi j’appelle ça une vraie proposition de valeur.
    Il est temps d’itérer, de passer en Agile, de désiloter pour gagner en straigth-to-the-point dans une logique CX. Sinon, on loupe le time-to-market, comme l’a fait le Raël qui depuis rame. « Il est plus que temps d’entrer dans une logique « so what ? » », comme le disait Nelson Mandela.

    • 29 octobre 2019
      Reply

      J’étais soufflée aussi, mais c’est tellement fréquent sur LinkedIn…

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