Non, pas dans ce sens bande de libidineux… Je vais vous poser la question suivante : est-ce qu’à partir du moment où l’on prend du plaisir à travailler, l’on ne travaille plus, justement ? Ne répondez pas tout de suite, vous verrez combien cette question est beaucoup plus complexe pour notre petit cerveau qu’il n’y paraît !
Avant de vous ruer sur la problématique, posez-vous les questions suivantes :
- Qu’est-ce que le travail ?
- Ai-je l’impression de travailler si je m’éclate ?
On verra après si c’est mal ou non.
Qu’est-ce que le travail, finalement ?
Le Larousse nous donne plein de définitions, il est très intéressant de se pencher sur certaines d’entre elles. Allons-y :
1) Activité de l’homme appliquée à la production, à la création, à l’entretien de quelque chose
2) Exercice d’une activité professionnelle […]
3) Toute occupation, toute activité considérée comme une charge
4) Activité laborieuse de l’homme considérée comme un facteur essentiel de la production et de l’activité économique
Notons que chaque définition peut être prise séparément. Ainsi, le Larousse nous explique que l’une des définitions englobe la notion d’activité professionnelle. Ah ! Mais est-ce que ça ne voudrait pas dire que l’on peut travailler sans que cela ne soit professionnel, justement ? Ça commence à être bordélique. On retrouve, évidemment, les idées de production (physique ou intellectuelle), l’idée de labeur et de charge, de peine… On s’éloigne pas mal de ma notion du plaisir du début.
Et c’est pas fini ! Pour les plus érudits, vous le savez déjà, mais le mot « travail » est loin d’avoir une connotation positive. Son étymologie est latine, venant du mot « tripalium », un objet barbare servant à punir les esclaves, ou à empêcher les bêtes de bouger lorsqu’on voulait les ferrer ou les soigner.
D’après Wikipédia, et Alain Rey (linguiste), le mot « travail » est apparu la première fois dans notre langue au XIIème siècle. Je ne parle pas du Français tel qu’on le connait. Toujours est-il que ce mot, venant de « travailler », adaptation du verbe latin « tripaliaire », voulait dire :
« Tourmenter, torturer avec le trepalium »
YOUHOU ! Toujours à l’époque, on utilise ce mot pour parler de tourments psychologiques, et physiques (comme l’accouchement… Vous suivez ?). Mis à part pour quelques appréciateurs de BDSM, on ne peut pas dire que la notion de plaisir soit réellement présente, hein.
Mais le mot peut provenir également d’une autre racine latine : le verbe « tribulare », qui signifie « presser avec la herse, écraser (le blé) », ce qui donnera d’ailleurs chez les chrétiens cette signification « tourmenter ; torturer l’âme pour éprouver sa foi ».
Ça donne envie, hein ? Comment peut-on accepter qu’un mot pareil donne naissance au mot « travail », sans que cela n’affole les Droits de l’Homme et tutti quanti ?
L’évolution du mot travail dans notre langue
Sans surprise, les Elites de l’époque (Monarchie et Eglise), utiliseront ce terme pour définir un ensemble de tâches que les gens du commun doivent accomplir « pour le plus grand bien ». On commence alors à voir émerger la notion de production utile à la communauté. On expliquera aux petites gens que travailler est bon pour la santé, et que cela permet d’expier le péché originel.
Oui, la Bible était multitâche à l’époque ! D’ailleurs, ne dit-elle pas dans la Genèse que c’est à cause du péché originel que l’Homme est condamné à travailler ? J’sais bien que c’est obscur, mais petit retour : on a Adam et Eve qui n’ont pas le droit de bouffer un fruit. On a un serpent qui explique que c’est au contraire une super idée. On a une femme qui se dit qu’il a raison, et qui en mange. Elle ne s’arrête pas là la donzelle, et arrive à convaincre son mec d’en manger un bout aussi. Et VLAN ! Ils se font gauler par le paternel (aka Dieu), qui les condamne à :
« Il dit à Adam : « Parce que tu as écouté la voix de ta femme et que tu as mangé de l’arbre dont je t’avais formellement prescrit de ne pas manger […] A la sueur de ton visage tu mangeras du pain jusqu’à ce que tu retournes au sol car c’est de lui que tu as été pris.[…] » » Gen Chap 3, versets 17 :20
L’expression « à la sueur de ton visage », exprime la notion de travail pénible. Et si la Bible dit que l’on doit travailler en punition de notre odieux péché, c’est que ça doit être vrai, non ? Donc, l’Eglise et la Royauté, qui ne sont pas bêtes pour deux sous, utiliseront ce prétexte pour faire travailler le Peuple et les moines… Eh oui, les moines aussi devaient bosser. Faire un travail manuel collectif, pour la rémission, tout ça.
Au cours des siècles suivants, le mot ne cessera de garder cette notion de peine physique pour obtenir quelque chose. Jusqu’à nos jours où l’idée de servitude a été écartée… SAUF pour le salariat ! Rappelons que juridiquement, ce qui caractérise un travail salarié est précisément la notion de subordination. Elle est pas belle la vie ?
Est-ce que je travaille réellement si j’aime ce que je fais ?
Nous revenons donc à ma question initiale. Maintenant que nous avons vu que le mot « travail » revêt une image fortement négative, de souffrance, etc. Penchons-nous sur notre façon de l’aborder.
Quand on est petit, on nous dit « Si tu as de la chance, tu feras un métier que tu aimes ! », quand on grandit, on se rend bien compte que c’était une vision relativement fantasmagorique du monde professionnel.
Ici, je ne ferai pas la distinction entre Salariat et Entrepreneuriat. Pourquoi ? Parce qu’on a tendance à penser que le salarié est nécessairement quelqu’un en souffrance. Ce qui est faux. Aussi faux que l’image de l’entrepreneur heureux dans sa vie. Le plaisir peut se trouver dans les deux conditions, aussi, je parlerai globalement.
Je m’adresse à vous directement : est-ce que, au boulot, lorsque vous ne voyez pas les heures passer, lorsque vous ne vous ennuyez pas, lorsque vous frissonnez (positivement) en bossant ; est-ce que dans ces conditions vous avez l’impression d’être au travail ? Dites-moi tout en commentaire, si vous le souhaitez. A titre personnel, ma réponse est « non ».
En ce moment, je bosse sur ma newsletter à venir, et sur les textes exclusifs que je vais donner à mes abonnés. Il se trouve que j’ai choisi de proposer des textes satiriques et humoristiques. En les écrivant, donc, je m’éclate comme une folle. Lorsque David m’a interrompue pour me demander un avis sur une de ses tâches, il s’est excusé de me déranger en plein boulot. Savez-vous ce que je lui ai répondu ?
« T’en fais pas, c’pas comme si je travaillais. Là, j’fais juste un truc marrant. »
Ouais, mais non, ma cocotte ! J’ai beau aimer écrire, je ne le fais pas pour mon plaisir personnel. Je le fais dans un but professionnel. DONC JE BOSSE. A ceci près que je suis incapable de m’en rendre compte puisque j’y prends plaisir. Vous suivez ?
La notion de travail est subjective et normée
Vous travaillez si vous en avez l’impression et/ou si vos interlocuteurs ont cette impression également. Pour l’impression personnelle, je ne vais pas en remettre une couche, je pense que vous avez compris l’anecdote. Mais pour le regard des autres, comment ça se passe ?
Prenons l’exemple d’une femme au foyer. Elle gère la maison, les courses, probablement même les enfants, etc. Elle, elle aura l’impression d’avoir fait une journée de boulot. Généralement du lever du conjoint et des enfants (si elle n’est pas célibataire), jusqu’au coucher de ceux-ci. Sa journée sera rythmée par des tâches très précises nécessaires au bon fonctionnement de la communauté « Maison ». On retrouve ici la notion de travail telle que je l’ai présentée plus haut.
Mais, et c’est là que c’est pernicieux, il n’est pas rare que le conjoint, l’entourage en général, considèrent que cette femme ne travaille pas. Car elle n’est pas salariée, justement ! Je dis « femme », mais des « hommes au foyer » existent 😉
Et, à force d’entendre que la personne ne travaille pas, pas « pour de vrai » quoi, cette personne finira par croire cette idée folle, et associer le travail au salariat, voire, à la pénibilité. Parce que la bonne blague du « Je préférerais mille fois m’occuper de la maison, que de travailler », elle fait sourire toute personne ayant dû endurer cette délicieuse charge dénuée de reconnaissance.
Et je vais aller plus loin : est-ce que le bénévolat relève du travail ? Pas dans le sens juridique, dans le sens professionnel. Est-ce que l’artiste travaille ? Est-ce que le Politique travaille ? Est-ce que les enfants « travaillent » réellement à l’école ?
Ce mot « travail », provient d’une étymologie négative, d’une histoire négative, et d’une utilisation beaucoup trop encadrée par la Loi (contrats) et la norme. Mais nous constatons aujourd’hui que si l’on ne doit retenir que la notion d’utilité à la communauté, TOUT LE MONDE travaille. D’une manière, ou d’une autre.
Et, à une époque où les codes changent, où les structures bougent (coopératives, entrepreneuriat, etc.), où l’on parle de revenu universel de base ; ne serait-il pas grand temps de changer de mot, pour changer de mentalité ?
Vous avez tout votre temps pour y réfléchir, mais pensez-y !
Large sujet. On pourrait remplacer ce mot barbare par occupation ? Euh non cela n’est pas plus positif à entendre…
En tout cas, je n’ai pas la solution dans l’immédiat.
Cependant, j’ai comme même kiffant d’entreprendre quotidiennement.
Entreprendre son plaisir,
Entreprendre sa maison,
Entreprendre son activité,
enfin tout peut s’entreprendre dans la vie, il suffit d’y prendre du plaisir pour s’en convaincre.
Tu as parfaitement résumé la question, en utilisant le verbe dans des cas où l’on imagine sans mal une idée positive derrière.
Mais, effectivement, sur la question du travail, ce n’est peut-être pas tant le mot que le sujet en lui-même que nous devrions revoir. Peut-être avons-nous besoin d’avoir un rapport différence à l’exercice ?
Je trouve ton article intéressant, et il pose des questions pertinentes. Je ne pourrais pas répondre pour les autres, mais j’ai conscience depuis longtemps maintenant que le travail que je fais, je l’aime bien, mais je n’en tire aucun plaisir. J’aime le fait de bosser dans le web, j’apprécie les problématiques de mon métier, mais si demain tout s’arrête, ça ne me manquera pas.
En revanche, je prends malgré tout du plaisir à travailler lorsque j’écris par exemple, lorsque je m’installe à mon bureau et que je me mets à écrire des nouvelles, à imaginer des mondes, des histoires, etc. Là oui je prends du plaisir! Mais est-ce que c’est du travail si je n’en tire (à ce jour) aucune rétribution?
Quand j’entends des gens dire qu’ils adorent leur travail, que c’est leur passion, je les envie! Oui, si j’avais été surfeur pro ou basketteur pro ou photographe animalier (ou écrivain donc!), peut-être que je me vanterais du bien-être que je ressens à bosser, mais pour moi, ça reste compliqué de me lever, de me motiver, et ce n’est pas une question d’argent, c’est purement philosophique au fond: le travail nuit au bonheur. J’en suis (presque) convaincu (sauf quand tu vis de ta passion)!
C’est compliqué. Tu évoques des métiers comme « surfeur pro », « basketteur pro », « photographe animalier » ou encore « écrivain », et si l’on y regarde de plus près, on se rend compte que ce sont des métiers « de rêve ». Il y a une grande part de fantasme dedans, qui éloigne toute question de pénibilité, de doutes, etc.
J’te prends l’exemple de mon métier. Je voulais écrire professionnellement, gagner ma vie comme ça, etc. Il y a encore un an, bien que je me sois lancée dans la Rédac’, je disais encore que « j’aurais aimé être écrivain ». J’entendais par là la même chose que toi : écrire des nouvelles, des histoires, etc. J’ai compris que récemment qu’en fait, je l’étais déjà. Si, si.
Il ne se passe pas une journée sans que je doute, ou éprouve à un moment un déplaisir. C’est fugace, mais je veux dire que malgré la passion qui m’anime, ce n’est pas toujours « le rêve ». J’écris des trucs qui me gonflent parfois à faire. Mais à côté de ça, je me permets aussi d’écrire ce que j’aime. Ici, déjà, bien que le format et le public nécessitent de me plier à certaines règles. Sur un autre blog, de façon totalement libre. Dans une fanfiction, que je publie au fur et à mesure, des nouvelles… Bref, ce métier me permet de faire exactement ce qui me plaît.
J’ai commencé à en tirer du plaisir le jour où j’ai décidé que je ferai les choses à ma manière. Oh, certes, je peux très bien me planter. Mais je préfère de loin le quotidien que cela m’offre, à celui de l’année dernière où je prenais beaucoup moins de « risques », où je m’amusais largement moins.
Une autre chose a changé ma vision de mon métier : le fait de lâcher prise sur le « qu’en dira-t-on ». Tu vois, ne pas compter ses sous en permanence, ne pas se comparer, ne pas s’empêcher de faire un truc sous prétexte que cela pourrait être mal accueilli. Par exemple, j’ai un projet en marge de tout ceci, directement lié à mon activité, dont je parlerai peut-être d’ici un an. Cela n’a rien de « classique », je n’ai aucune certitude sur la pertinence du truc, un quelconque succès, et encore moins des retombées financières. MAIS, et c’est peut-être mon gros défaut, ça a le mérite de me motiver, et de me porter, parce que c’est CA, que je veux faire.
On ne fait jamais toujours ce que l’on veut. C’est clair. Mais l’inverse n’est pas une obligation non plus. Ce n’est pas parce que notre Culture est une Culture de souffrance et de mort (voir Onfray et Nietzsche entre autres sur la question), que c’est une fatalité. Contrairement à ce que l’on croit, si la Société, notre Education, etc. Peuvent avoir une prise sur notre vie, il ne faut pas s’imaginer que c’est l’Autre l’ennemi.
On est notre propre Ennemi. On est notre propre frein. A partir du moment où tu sais que tu peux à la fois te faire confiance, et te méfier de tes défauts (clairement identifiés), tu peux avancer.
Typiquement, je sais que c’est mon manque de confiance en moi, ma soif de reconnaissance, et ma peur, globalement qui me freinent le plus. Tout ceci vient de moi. Et je suis la seule à pouvoir changer ça. DONC, je suis Maître de ma vie, tu vois où j’veux en venir ?
‘Fin bon, j’vais arrêter là le pavé, j’pourrais en faire un article de mièvreries sur le sujet. Mais c’est un avis basé sur une expérience. Pas la Vérité. Ma Vérité.
Pour le moment x)
Je suis d’accord avec ce que tu dis sauf avec le début, (le milieu et la fin! – je plaisante).
Tu as employé le terme de « métiers de rêves » auxquels tu as associé les mots « pénébilité » et « doutes ». Sauf que les métiers dont je parle sont pénibles et n’ôtent aucun doutes (et peut-être même que dans le sport de haut niveau, il y a plus de doutes qu’ailleurs). Mais c’est un autre débat.
Je n’ai pas une vision de la vie comme les Grecs antiques pour qui l’oisiveté était le summum de la réussite. J’aime l’effort physique, j’aime les sensations qu’il me procure, j’aime l’effort intellectuel, j’apprécie ce qui en ressort. A vrai dire, si je veux être plus précis même si cela mériterait certainement l’écriture d’un essai, c’est que je ne me sens pas concerné par le monde du travail tel qu’il existe aujourd’hui. Dans ton article, tu parles du revenu universel de base, je pourrais aller plus loin en plus de ce revenu de travailler moins. En fait, le travail prend une telle place dans nos vies, il nous définit tellement aux yeux de la société, que ça devient un poids relativement désagréable. Je passe plus de temps avec mes collègues qu’avec les gens que j’aime, je passe plus de temps à travailler qu’à faire quelque chose que j’aime réellement. Pour moi c’est un vrai problème parce que non seulement ça ne me rend pas heureux (mais de toi à moi, je ne cherche pas le bonheur à tout prix), mais en plus, ça nuit à mon développement personnel. Pour moi, le travail s’inscrit dans un système (économique, politique, philosophique) dans lequel je ne m’exprime pas pleinement!
Je prenais des exemples naïfs de métiers que j’aurais aimé faire, mais à vrai dire, j’aurais peut-être été plus heureux à faire de la recherche (en histoire) comme je m’y prédestinais, mais la réalité c’est qu’il y a peu de places, que la vie t’oblige aussi à faire des choix de raisons, qu’il faut bien manger aussi, et qu’au final, faire un boulot qu’on aime bien, ça reste une petite satisfaction. Reste que mon « bonheur », je vais le chercher ailleurs, parce que le monde de l’entreprise ne me permettra jamais de m’épanouir totalement.
J’entends tes arguments et ton expérience est précieuse et épanouissante. Tu sembles aller dans une direction dans laquelle tu arrives à trouver un équilibre. Et oui, nous sommes notre propre ennemi, mais ça ne dépend pas que de ça non plus, ça dépend des circonstances de vies, des capacités de chacun aussi, des hasards.
Mais soyons clair, ça ne me pose pas grand problème, ça ne me rend pas malade (pour le moment!), c’est juste que je sais que je ne suis pas fait pour ce système là, mais je dois faire avec parce que je tiens aussi à mon petit confort, à ma petite vie, à mes petits projets et je sais que je dois en passer par là!
Là en revanche, je souscris complètement à ce que tu dis lorsque tu parles du poids du travail !
Il y a un réel problème de rapport au travail, de la place que cela prend, etc. On a tenté de faire croire que c’était « bon pour la santé, glorifiant, etc. » (cf : l’article), mais c’est bullshit. La plupart des gens travaille pour survivre. C’est un moyen, et pas une fin. Ce qui veut dire que l’importance que l’on donne au travail dans notre existence relègue notre vie à de la survie pure.
Mis à part ceux qui font un métier par passion, et plaisir. D’où ma grande espérance dans les idées piochées du côté du revenu universel ^^
Ce qui est terrible, et tu le dis très bien : tu es obligé d’en passer par là pour faire ce que tu aimes. Et c’est là que c’est un attrape-couillon, passé le boulot, les tâches ménagères, et le sommeil, il reste peu de temps malheureusement « pour vivre ». Et ça, c’est pas normal. Ce n’est pas normal (si l’on veut philosopher un bon coup), que l’on croit encore aujourd’hui que le travail ne peut s’inscrire dans un réel projet de vie. Ce n’est pas normal que les gens disent encore « Je bosse pour me permettre de jouir de mes passions quand j’ai du temps ».
Oh, là, nous partons complètement en utopie. Seulement, c’est dramatique que des gens pensent être « sages » et « avisés » lorsqu’ils dogmatisent la nécessité du travail, du sacrifice, et de la pénibilité. On est en plein délire masochiste, que l’on peut (pour notre société) imputer à notre Culture Judéo-Chrétienne. Cela n’a rien d’éclairé comme avis. Ce n’est qu’une sombre acceptation d’un système qui n’est pas Humain, puisque fondé sur l’ignorance du plaisir. Et on ne m’enlèvera pas de l’idée que le plaisir est une notion profondément animale, donc, Humaine. Je digresse, je digresse.
Tu l’auras compris, je suis peinée pour notre race qui a oublié ce qu’était son véritable équilibre ^^
Je pense qu’on se nourrit tous de reconnaissance et que c’est la que la notion de travail sera positive ou négative. Se tuer à la tâche dans un boulot où personne ne se soucie de vous, juste pour payer les factures ou travailler dur pour un résultat qui nous épanouie ? Le travail en lui-même peut-être le même, un menuisier par exemple peut se sentir épanouie, il travailler le bois, les clients, les supérieurs se montrent reconnaissants. Le même menuisier qui se fait crier dessus à longueur de journée n’aura pas la même notion de travail.
Après, entreprendre à son compte, vivre sa passion, sans supérieur, on pourrait dire que ce n’est pas un travail, ça devient presque un loisir des fois même si c’est professionnel,
Pareil pour les élève d’une école, pédagogie Montessori par exemple, où on apprends par le jeu et non par des « travaux »…
Tout dépend la position qu’on prend je pense que tout peut être transformé, rien que par l’état d’esprit puis par l’application. Pour moi effectivement travail rime avec contrainte.
Tu vois, tu évoques en premier la reconnaissance, et j’ai envie de te demander : d’où il nous vient ce besoin ?
Sans verser dans de la psychologie et sociologie de comptoir (quoiqu’en fait, je fais ce que je veux ici !), je pense que cela découle directement de l’éducation. Et là, on parle de plusieurs génération, de mode de fonctionnement sociétaux, etc. Mais, fondamentalement, les premiers à jouer de la reconnaissance, ce sont les parents.
L’enfant cherche naturellement la reconnaissance, pour savoir s’il est dans le vrai ou faux. Dans le bon, ou le mal. Etc. Ce qui pose problème, c’est que nous ne quittons jamais ce mode de fonctionnement. Après les parents, ce sont les professeurs qui fonctionnent ainsi. Puis l’employeur. Puis le conjoint. Puis la famille, etc. Jusqu’à n’en plus finir.
Et il n’y a qu’à voir sur le plan sémantique comment les notions d’existence, de légitimité, de droit à la place dans la société tournent autour de la reconnaissance, et du travail. De l’argent, du pouvoir, etc.
Comme on ne peut changer une société par le haut de celle-ci, ou par des idées. Comme je crois que ce sont les individus qui la façonnent à leur image, je pense que la première étape de libération de ce côté est du côté de la personne. Chacun, nous devons apprendre à pousser les murs de nos boudoirs pour nous offrir la place dont nous avons besoin. En adéquation avec nos besoins. Pour untel, ça sera l’argent. Un autre l’amour. Un autre les voyages. Un autre la spiritualité, etc.
Mais décider d’une « norme », revient à dire que l’individu n’existe pas. A partir de là, on le fruste. On va contre sa nature. On le névrose, et on se retrouve à une époque où les gens se déchirent sur une simple question : « Qu’est-ce que le travail ? Est-ce que j’existe sans ? »
Enfin bon, je diverge encore !
C’est une belle réflexion à mener : Est-ce que la reconnaissance est vitale dans le travail, la profession, la passion ?
Etre reconnaissant n’est pas mauvais en soi bien au contraire je pense carrément qu’elle est source de quiétude. Chercher la reconnaissance des autres c’est purement égotique et donc humain. Rien que le fait d’être payé pour ce que l’on fait, recevoir un remerciement, un cadeau est une forme de reconnaissance. J’existe pour ce que j’ai fais.
Dénué de tout besoin de reconnaissance on aiderait les gens s’en rien attendre en retour et ce s’en amertume. D’ailleurs même celui qui en est dénué, en en recevant il peut vite y prendre goût et s’en nourrir pour avancer.
Là, tu vois, dans la mesure où je suis entièrement d’accord avec toi, et que je ne vois pas quoi ajouter à ton propos, car il est limpide, j’ai envie de te demander : Tu m’expliques un peu pourquoi t’as voulu que je « t’apprenne à écrire » ? :p