LE CRIME DU MADA-EXPRESS

Vous connaissez le crime de l’Orient-Express ? Attention, pour ceux qui ne l’on pas lu, j’vous spoile : tout le monde est coupable. Tout le monde a mis son petit coup de couteau à M. Ratchett et on va chercher UN coupable. Mais Hercule Poirot découvrira qu’il y en a une chiée, et toute l’histoire nous montrera que chacun des meurtriers qui a participé au massacre, s’évertue à nous dire qui est plus coupable que qui. Qui a mis le coup fatal.

Et cette histoire me fait penser à ça : on a un meurtre, on cherche un coupable. Mais tout le monde a frappé. Aujourd’hui, je vais faire pousser ma plus belle moustache, et j’vais vous expliquer mon point de vue.

La scène de crime

Mon analogie n’est pas mauvaise puisque, jusqu’ici, je n’arrive pas à avoir le témoignage de la victime. Elle est donc « réduite au silence », et ce sont les témoins embarqués dans le train de l’Orient-Express qui découvrent l’affaire et la portent à ma connaissance.

Enfin, je dis « Orient-Express », mais ici, c’est « Mada-Express ».

L’affaire est simple : la « victime », Monsieur Ratchett, est en fait ici un certain Raphaël Anja, Rédacteur Malgache, en prestation avec Antoine Dematté. Considérez qu’Antoine est l’un des voyageurs du train, ainsi Pascal Barrière, Julien Gadanho, Thomas Leonnetti, Nicolas Robineau, et tous ceux qui vont parler sur ce thread Twitter (bon courage pour suivre).

Oui, même moi… Et pour les besoins de la narration, et parce que je trouve ça classe, j’aurais une moustache et un chapeau melon.

poirot hi

Le crime est le suivant : le rédacteur n’est pas payé. Le client refuse de le faire parce qu’il estime que le rédac’ lui a porté préjudice en le « diffamant » sur les réseaux sociaux, après avoir dit au rédac’ qu’il ne paierait pas. Selon le client, c’est parce qu’il n’était pas d’accord sur les moyens de paiement, ni les délais. Gardez en tête que le cadavre (Raphaël), ne parle toujours pas… Et comme dans chaque meurtre, ça fait bien chier l’enquête. Il n’y a ni contrat, ni devis, tout a été fait comme ça se fait bien souvent avec Madagascar.

Qui est coupable ? Intéressante question, n’est-ce pas ?

Arrivée de la Presse sur les lieux

Réseaux Sociaux obligent, nous nous emballons bien vite. Un mec qui refuse de payer un autre gars, c’est de la merde, point. La question ne se posera plus au cours de cet article.

Mais l’emballement de la Presse fait que ça part très vite en couilles. On s’échauffe avant de savoir ce qu’il en est. Et l’on va croire sur parole deux témoins. Le cadavre se refuse à parler, le suspect N°1 ne peut se défendre, l’affaire est jugée avant le procès, et balancée dans tous les kiosques. Typique des journalistes si vous voulez mon avis.

En lissant ma moustache, je pose quelques questions, en public, en privé, et puis surtout : je regarde un peu ce merdier se monter autour… Petit à petit, nous sortons du cas, et deux, trois saillies se révèlent.

Ah, les scribouillards sont des passagers du Mada-Express à ce que je vois…

Les faits sont simples, et c’est pour ça que votre Poirot provisoire ne va pas y revenir : ya un refus de paiement avéré, donc crime. Légitime ? Pas légitime ? Ah ! C’est là la raison de mon article en fait. Parce qu’à la base, Pascal (l’un des témoins, donc), voulait faire sortir l’affaire pour qu’on sache qu’il y avait crime, et pointer du doigt le coupable selon lui. Je ne prends pas la plume pour chier à la gueule d’Antoine, du peu que j’ai vu ses propos sont méphitiques et me donnent pas mal la gerbe… Comme ceux de beaucoup d’autres dans le thread.

Parfois, la Presse ne s’en rend pas compte, mais à jouer les justiciers, elle te révèle de sacrées merdes sur une société. Et cette merde, c’est notre « Crime du Mada-Express ». C’est de ça dont je vais parler. Parce que c’est ça, l’affaire.

Déposition des témoins

Peu à peu dans le thread se greffent différentes personnes. Nous montons tous dans le train, et en avant sur les rails de notre maëlstrom de morale, de nos ambivalences, de nos hypocrisies et de business décidément bien capitalistes.

Trois types de témoins se distinguent :

  • Le Docteur Constantine qui t’explique que la victime n’aurait pas dû « porter une jupe sexy ». Ici, l’absence de contrat et de protection juridiques.
  • Le Colonel Arbuthnot qui pense qu’il faut pendre haut-et-court les voleurs, sans procès de préférence, ou alors en place publique. Ici, ceux qui cash vont condamner l’unique personne sans prendre le temps de la réflexion.
  • Greta Ohlsson, la Missionnaire Suédoise qui veut évangéliser parce qu’il y a des sauvages en face. Ici, ceux qui vont s’offusquer de ce vol, tout en ignorant les causes de celui-ci.

Il y a, dans le livre, 12 coupables. En d’autres termes, en dehors de Poirot, tous les passagers ont frappé au moins une fois la victime. Et je le disais en en-tête : tout le monde va chercher à déterminer qui est plus coupable que l’autre… (métaphore de ce thread).

Qui a porté le coup fatal ?

poirot look

Dans notre thread, c’est Antoine qui est désigné.

Mais qui a participé à cette situation ? Qui a participé au fait qu’un rédacteur malgache demande 1300€ pour 130 000 mots ? Qu’il ne fasse aucun contrat, ni devis, ni demande d’acompte ?

Dans cette affaire, il n’y a pas qu’un cadavre, en fin de compte. Il n’y a que des représentations physiques d’un crime que nous survolons à peine ensemble en regardant les gens répondre, se dédouaner, élaborer un monde où chacun a ses limites. Mal payer, mais payer quand même… Pas de crime, parce que pas de défense…

Les grosses conneries vont bon train (décidément), et dévoilent un univers et un rapport au métier de Rédac’ et à l’Offshore que j’ai déjà abordé ici et ici. Et les réactions à mes billets sont une des explications du crime du Mada-Express…

Votre opinion Monsieur Poirot ?

Ah ben c’est simple : j’vous chie tous à la gueule.

Parce que pour moi, il n’y a pas de « petit vol ». Il n’y a pas de « c’est déjà bien pour eux ». Il n’y a pas de « S’il ne s’est pas protégé, il… » et il n’y a pas de « coupable unique ». Ça, on aimerait bien, mais c’est pas comme ça que ça marche.

Parce que cette situation découle d’un climat professionnel que nous tissons tous au quotidien.

Allez-y, chiez donc dans mes commentaires une tentative d’excuse pour expliquer que non, porter un coup, c’est pas exactement la même chose que d’être responsable de celui qui tue. Chiez donc, ça fertilise !

Mais cette affaire, à vous lire, à vous voir hiérarchiser, dire ce qui est bien ou non ; théoriser jusqu’où on peut aller, c’est exactement la même que celle d’Agatha Christie : un train lancé à toute allure vers un crime, avec personne à son bord pour assumer sa pulsion morbide.

Du coup, si vous voulez vraiment faire Justice, on va peut-être commencer par bosser proprement avec les prestataires. TOUS les prestataires.

*Repars en lissant sa moustache après vous avoir laissé un rouleau de PQ pour vous essuyer la raie et le coin d’la bouche*

Poirot Bye

[Note] Je laisse les commentaires ouverts, parce que ça fait partie de mes principes. Ça vous donnera une occupation cet aprem’ (car vous débordez d’énergie), vous donnera un droit de réponse, et que vous aurez l’occasion de vous taper dessus en plus de 140 signes. En dehors du spam lien, et des trucs relatifs à la législation française, aucun ne sera modéré (même si je suis obligée de les valider un à un). Enfin, n’escomptez aucune réponse de ma part, j’ai déjà pris – à de nombreuses reprises – beaucoup plus de temps que vous n’en méritiez.

Merci de changer le rouleau de PQ quand il est terminé. Amusez-vous bien.

Camille Gillet Écrit par :

Auteure - Storyteller freelance "Makes the world a Market Place"

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