Non, en 2019, les contenus ne servent pas à Google !

Tiens, je ressors de mes congés pour râler, ça faisait longtemps que je ne l’avais pas fait, et je suis certaine que ça vous manquait. D’ailleurs, vous me ferez le plaisir de faire « comme si ».

Bon, alors voilà le truc qui m’agace : nous sommes en 2019, le SEO existe depuis un moment déjà, la Rédaction Web aussi, on parle maintenant de « ContentMarketing », on commence à segmenter les types de Rédaction (Storytelling, Copywriting, etc.), mais je vois toujours dans des pages de présentation ou des articles el famoso question-clickbait : « A quoi sert le contenu ?! ».

Et c’est là que je trépigne : j’en ai marre de lire « C’est pour votre stratégie SEO », « C’est pour Google ». Oui, oui, on finit bien par lire un truc du style « C’est quand même aussi pour l’internaute », mais niveau hiérarchisation de l’information on va noter que ça passe toujours après les bots… (#GrandRemplacement).

Ne pas trop se fouler en Rédaction Web quitte à écrire de la merde

Tu débarques avec ton service, t’es inconnu(e) dans le milieu, t’as déjà une tripotée de gens qui ont, eux aussi, leur site Web avec leurs articles explicatifs sur le métier ; tu ne vas strictement rien inventer, encore moins innover.

Évidemment, tu vas être obligé(e) de démontrer ton expertise, te positionner sur certains mots clés, et tu t’imagines que pour ce faire, il faut ratisser la thématique sur les questions basiques. Jusqu’ici, je te suis à 200%, « Force et Honneur » comme on dit.

Sauf que tu risques de dire de la merde qui a 10 ans de retard, parce que de façon générale, c’est ce qu’on trouve quand on tape ton futur titre de page dans Google. Tu t’en fous sûrement, mais voilà, c’est bien le problème :

Tu fais partie des gens qui vont croire, en 2019, que pour vendre sa prestation de contenus, faut invoquer la sacrosainte gloutonnerie de Google. D’ailleurs, tu ne feras pas l’impasse sur un chapô commençant par « Le contenu est ROI », en te croyant profondément spirituel et inspiré. (Notons que je ne suis pas certaine moi-même de ne pas avoir fait un truc pareil au début de ma carrière, tiens !)

En d’autres termes, tu vas parler à une cible qui est aussi hasbeen que tes sources, et tu vas vite t’étonner de ne bouffer que de la presta de volumes, toi qui rêvais d’être le prochain artiste des mots.

Pourquoi on ne peut plus mettre Google en avant ?

Parce qu’on parle d’émotion maintenant. Parce que Google n’est plus le seul levier d’acquisition. Parce que les gens naviguent sur mobile et ont autre chose à foutre que de lire des pavés suroptimisés. Parce que de façon générale, le but du contenu est de…

Engager. Transformer. Fidéliser.

On passe notre temps à le dire : le concept ne date pas d’hier en plus, mais on ne vend pas. On propose une expérience.

Alors, ton « contenu est ROI pour les moteurs de recherche », tu m’expliqueras son potentiel excitant pour un internaute qui a encore ses yeux, hein…

Ce que ça te coûte en tant que Rédac’ de perpétuer ces idées

Je vais faire une liste parce que « Google aime les listes » (et que j’ai surtout la flemme de faire des phrases).

  • Tu passes pour un(e) gros noob auprès des experts
  • Tu t’adresses à une cible qui n’a pas dépassé ce stade du métier (et qui ne lui en demande pas plus)
  • Tu te fermes donc tout le pan véritablement Marketing du métier
  • Tu risques de t’ennuyer à long terme avec ce genre de prestations
  • Tu n’apprendras pas de nouvelles choses
  • Tu prends donc le risque de stagner dans tes compétences
  • Tu énerves les gros edgys du coin (moi quoi)

Bonus : tu écris des pages et des articles inintéressants. Mais ça te fait un point commun avec 70% du milieu.

Comment vendre sa prestation de contenus, alors ?!

Bah en mettant en avant ses réelles qualités, tiens !

Coupe Internet deux secondes (après avoir fini de lire mon article et de l’avoir partagé, stp !), et réfléchis à ce que TES contenus et TON travail apportent à ton client. Balance pas la sauce du voisin en espérant que ça marche aussi bien que dans une franchise.

Ne te réfugie pas derrière Google parce que tu crois que personne ne prend les textes au sérieux, et qu’il faut invoquer un truc plus ou moins technique pour remettre du cachet à ton métier. Ça n’est pas « Science VS Littérature », il faut en finir avec cette idée !

Ton boulot est de vendre. De te vendre, et de vendre les autres.

Pas d’écrire. C’est pas un truc pour littéraire frustré (même si…). C’est de la publicité.

Pense au fait que c’est du Marketing que tu vends, de la Comm’, et redresse les épaules. Tu vends du conseil au client, de l’information. Le texte va être là pour remplacer le discours du vendeur. Tu vends des histoires, des valeurs, du storytelling. Oui, tu vends du rêve aussi.

Ton métier entre dans le budget pub, pas dans le budget Webmaster, pas dans le budget SEO. Tu vas parler de segments de marché, tu vas parler de stratégie éditoriale et de « tone of voice ». Parce que tu vas vendre à des humains.

Google ne fait que faire ranker, il n’achète pas. Google n’est pas ta cible, c’est le client final qui l’est. Alors, ne me dis plus que le contenu est là pour ranker. Ne nous gonfle plus avec tes théories d’optimisation de textes. Fais ton boulot : écris un truc intéressant. Merde.

 
 
 
unsplash-logo Photo à la une par Christian Erfurt

Camille Gillet Écrit par :

Auteure - Storyteller freelance "Makes the world a Market Place"

8 Comments

  1. Jérémy Monnet
    2 mai 2019
    Reply

    La calotte de vos mort !

  2. 11 mai 2019
    Reply

    J’ai lu votre article Camille. Heureusement que des rédacteurs comme vous existent. Parce que j’en ai marre de lire toute cette soupe de posts ultra-optimisés qui n’apportent rien. Pas de colonne vertébrale. Pas d’engagement.
    Je suis ému à chaque fois que je lis des auteurs comme vous. Qui mouillent le maillot.

    • 13 mai 2019
      Reply

      Je n’irai pas jusqu’à dire que je suis une chance, peut-être même au contraire, mais je comprends parfaitement ce que tu dis. Ca m’avait fait le même effet en lisant ton billet. Il y a plein d’autres rédac’s comme ça, mais ils se montrent parfois peu, sans doute pour éviter toute polémique possible avec les potentiels clients… Mais on n’est pas que des vendeurs, on est aussi des auteurs, ça a du bon d’écrire. Pour de vrai.

  3. Hugo83
    10 août 2019
    Reply

    Bonjour Camille 🙂

    Quelques pensées non priorisées, tu sais ce que l’on dit des gens qui font des rimes…

    1) J’aurais plus vu « innover voire inventer » (pour des raisons évidentes)

    2) Faire acheter au client c’est la stratégie, Ranker sur GG c’est une des tactiques.
    Et la stratégie n’est rien sans la tactique.

    3) Je trouve ton constat / analyse sur l’émotion bien trop vrai(e).

    Le Ducros qui est en moi pond une méthode au mm sur 2600 mots succès moyen.
    Quiz à la con sur la thématique avec un ton léger (torché en 5 min) Enorme succès.
    Les gens (moi inside?!) ne veulent plus comprendre mais ressentir.
    Y a un mec qui a dit que les français préféraient un joli mensonge à une triste réalité.
    Et dire qu’on écrit en français…

    Je me suis permis de te tutoyer, tu peux me vouvoyer en retour 😉

    Au plaisir de te lire de nouveau.

    • 12 août 2019
      Reply

      Très cher Hugo,

      Nous vous remercions humblement pour vos retours. Nous sommes copieusement flattés par votre participation ainsi que par les compliments (que nous acceptons – beaucoup moins humblement).

      Au plaisir d’écrire à nouveau pour des mirettes aussi sympathiques !

  4. Nelly rédac
    7 septembre 2019
    Reply

    Whaou, je découvre ce blog au mordant plaisant. Tant la forme que le fond, m’en donne des frissons ! Presque musical ce texte… une mélodie qui chantonne « putain, ça fait du bien de lire ça bordel ! ». À (sans aucun doute) très vite Camille. Merci pour ces dents acérées qui ne mâchent pas leurs mots…

    • 8 septembre 2019
      Reply

      Merci à toi ! Super contente que tu aies aimé, et vraiment touché par ce compliment au sujet de la mélodie, je suis très sensible au swing des mots, et je n’y arrive pas toujours, alors… merci encore !

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