Comment Google nous enfume avec ses nouvelles SERPS

Edit du 27/01/2020 : Google a rétropédalé entre-temps sur les favicons.

Il y avait déjà eu un changement de SERPs pour la version mobile de Google, ça avait vaguement agité les rédactions à l’époque, mais sans que cela ne soit réellement impactant pour les gens du commun. Pour la commu SEO, en revanche chaque changement de la part de Google est une sorte de trompette du Destin. Pensez donc que l’arrivée de cette MaJ pour la version Desktop allait créer des discussions.

Qu’a fait Google ? En prenant le parti pris de lutter contre la propagation des Fake News, il se déresponsabilise avec beaucoup d’hypocrisie.

Changement d’UX et de paradigme ?

Jusqu’ici, quand on faisait sa petite recherche, nous avions les résultats hiérarchisés selon la préférence de Google, avec le titre de la page, la méta-description, l’url ou le fil d’Ariane et peut-être quelques étoiles selon les résultats.

C’est-à-dire qu’à l’époque, l’internaute cliquait sur le lien en fonction de :

  1. La position du résultat
  2. Le titre de la page
  3. La source
  4. La métadescription

Désormais, sur la nouvelle version, apparaît la favicon du site et toute la hiérarchisation des résultats est transformée :

Ainsi, l’internaute va avoir son œil accroché par la favicon qui va donner une indication très claire et rapide de la source de la page, source confirmée par l’url ou le fil d’Ariane. Nous sommes donc pour le process de décision du clic sur une nouvelle chaîne décisionnelle :

  1. La position du résultat
  2. La source
  3. Le titre de la page
  4. La méta description

Ce que les SEOs en pensent

À part un refus général au changement et l’idée que « c’était-mieux-avant », il y a quelques malins qui pensent déjà à jouer sur le taux de clic que peuvent apporter les favicons, et à maximiser les titres (davantage mis en valeur) par cette MaJ. Il y a, également, des gens qui posent la question de la confusion entre résultats naturels et payants.

Pour suivre une des conversations à ce sujet sur Twitter, lisez tout simplement ce thread participatif :

 


 

Pourquoi Google a donc changé l’UX de sa page de résultats ?

Pour des raisons politiques. Évidemment.

Au travers d’un tweet, Google nous explique qu’il veut « aider les utilisateurs à mieux comprendre d’où proviennent les informations, scanner plus facilement les résultats et choisir ce qu’ils vont explorer ».

 


 

Tout ceci s’inscrit dans un vaste contexte de luttes contre les Fake News et de fébrilité sociale. Il ne faut pas oublier que nous vivons la grande époque de la défiance envers les médias traditionnels, d’une réappropriation de l’information par les citoyens et globalement de surproduction et surpartage de l’information.

Entre les sites parodiques qui sont – hélas ! très souvent pris au premier degré, les sites complotistes qui sont – hélas ! de plus en plus prisés ; entre les sites d’extrême droite qui ont – hélas ! le vent en poupe avec leur « courage de dire les choses à base de photomontages totalement bidonnés » ; permettre aux utilisateurs de bien identifier la source – et donc de vérifier la véracité de l’information – est une décision essentielle.

À tous ces « Hélas ! », nous pouvons écrire : « Heureusement que Google est là » …

Do the (alt) right things

Google se pose une nouvelle fois en grand sauveur d’un domaine. Ici de la Démocratie, de la sérénité des débats, de l’accès à l’information,

Sauf que c’est hypocrite. Comme leur baseline, d’ailleurs. Reprenons ma hiérarchisation du process de décision de clic :

hiérarchisation des infos de résultat

Dans les deux cas, ce qui impacte en premier la décision de l’internaute… c’est la position du résultat. L’internaute va choisir dans les résultats présélectionnés et hiérarchisés par nulle autre que Google. Et sur quels critères ? Non, parce qu’en dehors de la sphère SEO ou de la sphère militante numérique (Genre, le Mouton Numérique…), qui s’interroge sur les critères des moteurs de recherche ?

Je le disais en introduction : Google se déresponsabilise avec hypocrisie car il remet sur le dos de l’utilisateur la responsabilité d’aller piocher vers les bonnes sources, ou non. Un peu comme s’il disait :

« Hey, on fait de notre mieux, mais ce sont eux qui, en leur âme et conscience, vont lire ces sites. »

Le fait est que Google met toujours en avant ces sites, il les indexe toujours (et vous connaissez déjà mon opinion sur la lutte contre la haine sur Internet). Ce qui est de leur responsabilité et est un choix politique (et économique) qu’on le veuille ou non.

Parce que n’oublions pas que le SEO est une matière professionnelle qui n’est absolument pas neutre sur le plan moral et politique. Que vous soyez honnêtes avec vous ou non, manipuler les algorithmes de Google pour mettre en avant certains sites (mécaniquement au détriment d’autres) est un choix moral et politique. Que fait le site que vous aidez ? Quel est son impact sociétal ?

Et il serait totalement absurde d’imaginer que seuls les sites de Marketing et e-commerce activeraient le levier SEO. Sur le seul exemple de l’extrême droite, nous sachons qu’elle maîtrise énormément les outils numériques. Impossible d’être aveugles face à la capacité des sites de haine et de désinformation à ranker…

De l’influence de Google sur tout le champ politique

En disant qui est plus pertinent que qui, Google présélectionne en réalité les informations et les points de vente auxquels on va avoir accès. Il privilégie une source à une autre, une entreprise à une autre ; un modèle à un autre. D’autant qu’il le fait aussi en fonction de votre profil.

Et comme tout est politique…

Il manipule notre quotidien sur sa totalité, façonne par élimination de pensée notre mode de fonctionnement et nous enferme dans une bulle intellectuelle que nous croyons être nôtre, alors qu’elle n’est que le fruit de critères d’une société à intérêts privés.

Mais Google nous donne le choix, nous dit-on ! C’est donc que c’est de notre faute s’il y a de plus en plus d’articles de merde qui circulent sur le Web, et si on achète si facilement sur Amazon. Non ?

En tout cas, avec cette révolution, on ne pourra plus accuser la firme de ne pas faire sa part !

 
 
 
 

(Ou bien on refuse l’entourloupe et on arrête de laisser le privé garder la main mise sur ce qu’il y a de plus important…)

 
 
 
 
unsplash-logoPhoto à la une par Bianca Berg

Camille Gillet Écrit par :

Auteure - Storyteller freelance "Makes the world a Market Place"

2 Comments

  1. 17 janvier 2020
    Reply

    Analyse très juste. Google de plus en plus les ads dans la SERP. Même en temps qu’utilisateur, on se sent forcé à faire du clic vers de l’ads.

    • 17 janvier 2020
      Reply

      Par rapidité, facilité, par effet de confiance aussi ; c’est clair qu’on est poussé à cela, et avec cette nouvelle mise en page, ça va d’autant plus amener les gens à cliquer sur les pub’s puisqu’elles vont avoir sensiblement le même visuel.

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